La notion de coopération est souvent abordée dans l’entreprise comme un état d’esprit positif à obtenir, voire comme un idéal d’harmonie dans les relations permettant une collaboration efficiente, sans heurts.
La coopération est souvent considérée comme une condition nécessaire à la performance globale de l’entreprise, en favorisant la coopétition plutôt que la compétition entre collaborateurs.
Cet apaisement des relations interpersonnelles vise à permettre à chacun de trouver un cadre d’expression qui favorise l’agilité de l’entreprise, ses capacités d’innovation, et qui finalement bénéficie aussi bien aux individus qu’aux organisations.
Définition de la coopération
Lorsque l’on regarde les définitions du Larousse et du Petit Robert, il n’existe pas de différence entre collaboration et coopération, ce sont des synonymes. La différence est que le mot coopération est aussi utilisé pour une « méthode d'action par laquelle des individus ou des familles ayant des intérêts communs constituent une entreprise où les droits de tous sont égaux et où le profit réalisé est réparti entre les seuls associés au prorata de leur participation à l'activité sociétaire. » (Larousse)
Il me semble que dans le langage courant, nous l’utilisons plutôt dans le sens de l’idéal abordé plus haut.
L’analyse transactionnelle peut nous aider à réfléchir à la coopération, d’une part par nombre de ses concepts : positions de vie sociales, signes de reconnaissance, Imago, Jeux de pouvoir, etc. ; mais aussi par la réflexion spécifique de certains auteurs, tels que Claude Steiner dans son Manuel de coopération (1979).
Il semble important de souligner que tout groupe humain est traversé par des problématiques de pouvoir, de compétition, de négociation, de conflit…
Dans ce sens, opposer les comportements coopératifs aux comportements non coopératifs n’est pas suffisant. Il s’agit de pourvoir les groupes de moyens pour faire face à ces tensions inhérentes à la vie d’un groupe, de les considérer comme telles, sans les ignorer ni les diaboliser.
C’est pourquoi nous allons ici nous intéresser à deux concepts de l’AT. Claude Steiner le souligne dans son écrit (1979) : « Être, vivre ou travailler avec d'autres, nécessite une certaine compréhension et des règles pour gérer ces relations. »
Nous allons donc d’une part nous intéresser aux règles, et d’autre part à la régulation.
Les règles de la coopération
En AT, un des 6 états du moi fonctionnel est le Parent Normatif. Sa fonction est de protéger en instaurant des normes. Bien sûr, il s’agit, pour qu’il soit positif pour la vie du groupe, de règles équitables, adaptées au groupe et à son activité et son environnement, dont le sens est partagé.
Sans règles partagées et positives, idéalement élaborées par le groupe lui-même, toute la place est laissée aux compétitions, jeux de pouvoir, etc. évoqués plus haut.
Ces règles permettent, lorsqu’elles sont bien pensées, un traitement équitable de chacun, de savoir comment trouver la réponse à ses besoins dans le groupe, de clarifier les responsabilités de chacun, d’interagir en confiance, d’être libre dans le cadre commun prévu. Bref, elles protègent !
La régulation de la coopération
La régulation permet l’expression des désaccords et des tensions, mais aussi des émotions d’une façon générale. La régulation se définit notamment par le « fait d'assurer un fonctionnement correct, un rythme régulier ». Il s’agit donc de proposer à un groupe des temps qui lui permettent de réguler son rythme relationnel.
Il ne s’agit pas d’obtenir un encéphalogramme plat, mais de permettre les irrégularités tout en les conservant dans des limites saines. La régulation offre de la sécurité à un groupe, elle permet, comme une soupape, de « faire baisser la pression ».
Et, il s’agit d’actionner la soupape à intervalles réguliers, sans attendre que la pression soit trop forte !
La régulation est une sorte de groupe de parole, comportant des conditions de fonctionnement et des règles précises pour permettre à la fois l’expression et l’accueil de ce qui est dit et une personne en posture d’animateur. Ce groupe n’a qu’un seul objectif : expression et accueil. Il ne peut donc s’agir d’un temps en réunion.
Véronique Guelfucci et Claudie Ramond dans l’article La régulation dans les groupes (AAT N°111, 2004), dont je vous conseille chaudement la lecture, proposent 4 règles.
En résumé :
« tout peut être dit », dans le sens de donner la possibilité à chacun d’exprimer ce qui se passe pour lui, sans non-dits.
« message ‘Je’ », c’est-à-dire qu’il s’agit de donner une information me concernant, d’un ressenti, une interprétation, un malaise. Cela signifie que la personne est consciente que l’information qu’elle donne est son point de vue ou son ressenti, et qu’il n’est pas celui de l’autre.
« sans réponse », pour permettre l’écoute et l’accueil. Il ne s’agit pas de traiter, mais d’échanger des « informations » sur des vécus.
« sans répéter » pour respecter la confidentialité certes sur le contenu, mais aussi sur le processus de ce qui s’est passé dans le groupe de régulation.
En conclusion, si la coopération passe bien évidemment par des comportements comme la tolérance, l’écoute, l’implication, la confiance, etc. elle implique des fondamentaux comme la fixation des règles de fonctionnement du groupe et des espaces de régulation.
L'analyse transactionnelle peut être un outil précieux pour gérer la complexité des organisations, des groupes et leurs dynamiques. Nous proposons avec notre Lab Orga (Théorie Organisationnelle de Berne) une formation qui permet de diagnostiquer une organisation pour en analyser les processus organisationnels et individuels qui permettront de mieux coopérer en entreprise.
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