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Favoriser la réussite des collaborations grâce à l’analyse transactionnelle

Dernière mise à jour : 17 mai 2023


Réussir ses collaborations : l'apport de la notion de contrat en analyse transactionnelle

Les termes coopération et collaboration sont souvent utilisés indifféremment en entreprise.


Cependant, la collaboration décrit plus particulièrement le fait de travailler ou réfléchir ensemble pour atteindre un objectif commun fixé par deux ou plusieurs personnes alors que la coopération fait plutôt référence aux comportements des personnes qui œuvrent conjointement avec efficience, sans conflits et dans un esprit de co-opétition plutôt que de compétition.


Dans cet article dédié à la collaboration et à l’analyse transactionnelle (AT), je vous propose d’envisager la collaboration sous l’angle du contrat.


Le contrat est un concept fondamental de l’analyse transactionnelle. Il a été approfondi par de nombreux auteurs et constitue l’un des principes de l’application de l’analyse transactionnelle dans nos métiers de la formation ou du conseil en AT.


On peut définir le contrat comme l’accord passé entre deux ou plusieurs personnes, comportant un engagement explicite de chacun vis-à-vis d’un objectif spécifique et engageant une responsabilité définie de chaque partie.


Mais le contrat, afin de favoriser la collaboration, doit être envisagé sous plusieurs dimensions qui dépasse le simple cadre juridique ou administratif.


C’est en cela que l’analyse transactionnelle nous permet de prendre en compte les dimensions et enjeux implicites de la contractualisation.

Les trois dimensions du contrat définies par Eric Berne

Lorsqu’on imagine un contrat, on pense naturellement à sa version formelle. Cependant l’accord entre deux individus ou plusieurs parties prenantes ne se limite pas à la constitution d’une alliance cadrée par un document juridique.


Lors de sa conclusion, il est tout aussi important d’exposer clairement les informations qui entourent le contrat et qui favoriseront un fonctionnement sain et l’atteinte des objectifs fixés.


Cette mise au point de départ évitera les malentendus et les attentes non-exprimées qui pourraient faire échouer l’objet initial du contrat.


Si l’on se réfère aux travaux d’Eric Berne, il faut bien distinguer entre trois niveaux de contractualisation. Ceux-ci influenceront directement la qualité de la collaboration.

  • Le niveau « professionnel » porte sur l’objet du contrat, ce que « nous allons faire ensemble » : une étude, une négociation, un projet, un recrutement… Par exemple, une fiche de poste est un contrat professionnel.

  • Le niveau « administratif » précise les modalités pratiques : durée, dates, lieux, coûts, moyens, contrepartie, contraintes… Le contrat de travail est un contrat administratif.

  • Le niveau « psychologique », de nature informelle, couvre les « non-dits », les attentes non-exprimées qui ont un impact sur le fait d’atteindre les objectifs fixés.

Dans les paragraphes suivants, je vous propose de développer les concepts de « contrat professionnel » et de « contrat psychologique » qui sont des apports spécifiques à l’analyse transactionnelle et qui permettent de dépasser le seul cadre administratif.



Le contrat professionnel en analyse transactionnelle


Fréquemment, le contrat professionnel est réduit à un mot ou une phrase : recruter, coacher le manager, conduire le projet Z, etc.


Nous pouvons être plus spécifiques ici afin d’éviter les malentendus ultérieurs. Combien de fois vous êtes-vous rendu compte “à l’arrivée” qu’il y avait un décalage entre la compréhension de chacun des buts, moyens, résultats attendus…


Il s’agira donc ici de préciser les buts, résultats attendus, les limites de chaque périmètre, les compétences utiles, les risques d’interférences, etc.



Le contrat psychologique en analyse transactionnelle

Cette dimension du contrat est la moins facile à matérialiser, car elle n’est souvent pas consciente, au moins en partie.


Cependant, elle est tout aussi importante que les deux précédentes car elle contient les attentes et les craintes des parties prenantes, les éventuels problèmes relationnels, les ambitions, la nécessité d’un cadre sécurisé pour agir…


Afin de l’illustrer, nous pouvons notamment questionner le réel intérêt des parties à la réalisation de l’objectif, la nature des relations entre les personnes impliquées, les besoins et intérêts sous-jacents à la réussite ou à l’échec de la collaboration, etc.


De fait, une des parties intéressée au contrat peut ne pas se sentir compétente pour exécuter ses obligations, une autre peut surinvestir le contrat en espérant une reconnaissance différente de celle initialement prévue, la faible qualité des relations entre certains contractants peut ralentir l’exécution du projet, ou générer des craintes pour l’avenir…


Le contrat psychologique est donc un concept important porté par l’analyse transactionnelle, il permet la prise en compte de facteurs tacites afin de collaborer de manière saine et équilibrée. Ce contrat permet aux individus de se respecter mutuellement et de favoriser une relation basée sur la confiance et la communication.




La contribution réciproque pour favoriser la réussite de la collaboration


Ajoutons un dernier angle pour compléter ces trois niveaux de contrat de Berne.


Claude Steiner, un pionnier de l'AT, a apporté un angle complémentaire dans son ouvrage « Des scénarios et des Hommes » afin de favoriser une collaboration saine grâce à l’établissement d’une structure claire.


Il s’agit de quatre clauses pour favoriser l’établissement d’un contrat valide :

  1. Le consentement mutuel : chacune des parties consent aux termes du contrat en toute autonomie et volonté propre. Cela sera possible si le contrat est clair, que l’on en connaît les tenants et aboutissant, que l’on a une libre expression de ses doutes, questions, besoins.

  2. La contribution réciproque : elle définit la contrepartie négociée par chacun pour réaliser l’objet du contrat. Cela permet de créer une vision équitable du contrat.

  3. La compétence : elle valide le fait que les parties prenantes possèdent bien les compétences idoines pour respecter les termes du contrat.

  4. La nature légale de l’objet du contrat : le but recherché doit obéir aux lois et réglementations en vigueur.

Claude Steiner a développé ces quatre clauses afin que les contrats soient plus efficaces et plus équitables. Elles permettent aux parties prenantes de mieux comprendre leurs responsabilités respectives et de prévenir les conflits.


La contribution réciproque (2ème clause) est un élément essentiel et préalable à la réussite d’une collaboration.


En effet, elle permet de préciser la contribution de chacun de façon explicite, de favoriser l’engagement par une description précise des contributions attendues et de fixer la contrepartie accordée pour réaliser sa mission.





En conclusion, une collaboration saine et vouée au succès demande d’investiguer au-delà des éléments administratifs d’un contrat.


La phase de préparation d’une collaboration pourra utilement s’enrichir d’une réflexion sur la nature des interactions entre les personnes impliquées et tous les thèmes abordés ci-dessus.


En cela, l’apport de l’analyse transactionnelle est un élément clé pour réussir son projet de collaboration.


De plus, le contrat de collaboration ne peut être figé dans le temps, on doit prévoir de le réviser, de s’accorder des temps de réflexion et d’échanges afin de valider que les objectifs fixés et que les dimensions professionnelle et psychologique soient toujours en adéquation avec les attentes des contractants.


Ce processus de révision permet d’éviter ou d’anticiper les conflits qui pourraient surgir au cours de l'exécution du contrat.


Si vous souhaitez aller plus loin, j’aborde en profondeur ces dimensions et notamment la collaboration en entreprise dans mon ouvrage « Manager avec l’Analyse Transactionnelle » et au travers de l’accompagnement « Lab Orga » qui s’attache au diagnostic des organisations qui sont traversées par une multitude de contrats de collaboration.

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